L'accident de la route, la suite
Vous vous rappelez mon accident, en janvier? Et bien, hier matin, l'assureur de la dame au chien est venu me rencontrer. Pour recueillir ma version des faits.
Ma compagnie d'assurance a envoyé une mise en demeure à la dame au chien, en juin. Réclamant la somme qu'ils m'ont versée. Je n'avais pas eu de nouvelle jusqu'à lundi. Jusqu'à l'appel de la compagnie d'assurance de la partie adverse.
Vous me connaissez, je m'inquiétais. Je m'inquiète encore en fait. Si la compagnie d'assurance de la dame au chien reconnaît que la dame est responsable, je suis par conséquent déclarée non responsable. Hou. Logique, hein? Mdr!
C'est indéniable que le chien de la dame est responsable de mon accident. Le fait est que je ne l'ai pas écrasé, son put...* de chien. Le fait est que la partie adverse va faire tout ce qu'elle peut pour ne pas reconnaître la responsabilité de la dame. L'homme qui est venu prendre ma «déposition» ne s'est même pas nommé. Il est entré chez moi sans un mot, sans sourire. Et moi, j'étais morte de trouille.
D. trouve que j'ai trop insisté sur la mauvaise condition de la route. Ichh. Je voulais lui faire comprendre que je conduisais prudemment. Et lentement. Pas que j'aurais eu un accident même sans ce maudit chien. Je voulais accentuer le fait qu'on ne voyait pas le bas-côté de la route parce qu'il était recouvert de neige, donc que le chien était dans ma voie. Aurais-je frappé le chien si je n'avais pas essayé de l'éviter? Je ne sais pas.
L'homme ne savait même pas qu'il y avait un témoin. Il y en avait un. Et il y a aussi le voisin du lieu de l'accident, qui arrivé sur les lieux, a clairement vu les chiens (il y en avait 2) et entendu la dame (au chien) en panique dire que c'était à cause de son chien!! L'homme de la compagnie d'assurance ne tiendra pas compte de ce voisin. Parce que de toute façon il n'a rien vu.
Ça me rend malade. Si ma Lady (la chienne de mon père) s'était retrouvée dans la rue et avait causé un accident, nous aurions -sans aucun doute possible- reconnu notre responsabilité. C'est d'ailleurs pour ça qu'on paie une assurance habitation. Sans doute mes primes auraient augmenté à la suite du règlement. Mais il aurait été de ma responsabilité de veiller à ce que mon chien ne soit pas dans la rue.
Dans ce cas préçis, c'est moi qui rafle. Nous avons, oui, été indemnisé. Mais c'est toujours à perte. C'est de notre poche que sort la différence. Le véhicule que nous avons racheté n'a pas la même garantie que le précédent. Nous sommes perdants de ce côté-là également. J'ai peur de conduire l'hiver. Je ne suis pas certaine que l'hiver prochain, je serai très à l'aise. Juste d'y penser, je suis anxieuse.
Et il faudrait qu'en plus je vois mes primes d'assurance-auto augmenter pour la bêtise de cette femme?
***
Je n'ai pas accablé cette femme. Je n'ai pas révélé sa bêtise. Je suis trop smatte. J'aurais dû insister sur le fait que son maudit chien, ses maudits chiens en fait, sont retournés seuls chez elle. Qu'ils gambadaient joyeusement immédiatement après que nous soyons remontés du ravin et que c'est mon père qui a crié de retenir les chiens! Qu'elle s'est accusée elle-même. Qu'elle a reconnu que c'est son chien le responsable. Qu'elle s'est sauvé devant la fureur de mon père.
Que la municipalité a souvent des plaintes au sujet de son sale cabot parce qu'il traîne dans la rue et chez les autres.
J'aurais dû insister sur le fait que nous pourrions être estropiés en ce moment. Ou morts. Ou les deux, un mort et un blessé. Que j'aurais pu la tuer, elle et me tuer ensuite.
Et si j'avais écrasé son chien et que je l'avais tuée ou blessée? Son mari m'aurait sans doute collé un procès. En plus de la culpabilité, il faudrait que je me défende encore. Mais j'aurais gagné mon procès parce que j'aurais écrasé son foutu clébard.
***
- Avez-vous des regrets Madame?
- Un seul.
- Un seul?
- Le chien. Je regrette pour le chien.
- Le chien?
- J'aurais dû l'écraser.