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La grande maison jaune
29 juillet 2009

Trépidante journée qui commence

(Il fallait que je l'écrive à quelqu'un.)

Parce qu'il est 6h15 du mat, parce que mon coeur peine à retrouver son rythme normal, parce que j'aie les yeux encore collés d'avoir pleuré et la gorge sèche d'avoir hurlé, je vais vous raconter ma petite aventure du matin (qu'ai-je d'autre à faire à cette heure-là, de toute façon, hein?).

Le matin, mes enfants sont matinaux. Vous le savez, comme tous les enfants le sont. (Mais les miens le sont particulièrement.) Yep. Si mon fils dort encore (ce qui est le cas la plupart du temps), mes filles viennent en général me trouver (parce qu'elles ne peuvent ouvrir la barrière seules). Il arrive cependant qu'elles traversent la maison pour aller réveiller leur grand-père (ou pour passer de son côté, exempt de barrière, pour gagner le rez-de-chaussée). Ce matin, allez savoir pourquoi, mon fils était debout le premier. Je ne l'ai même pas entendu passer. Son truc à lui, inoffensif, c'est d'aller regarder les dessins animés interdits (genre Télétoon) jusqu'à ce qu'un adulte (moi) s'aperçoive de l'entourloupe (et aussi, rendons-lui ça: Radio-Canada n'ouvre qu'à 6h28). (Si, j'ai vu l'ouverture aujourd'hui.)

Ce matin donc, ce qui m'a réveillée, ce sont les voix de mes filles décidant d'aller rejoindre leur frère. Conscience vaseuse de réaliser que la barrière est ouverte, que Liam est en bas. Comme celle d'entendre ma Clara demander à son grand frère d'ouvrir la porte (qui était barrée) pour aller voir les petits minous sur la véranda. Je me dis, tout en essayant de me rendormir, que ce n'est pas prudent de laisser sortir la petite si personne ne la surveille.

Je sais pas. Ai-je dormi? (J'ai plutôt eu l'impression de me battre contre le sommeil pour me lever.) Toujours est-il que j'ai finalement émergé. En descendant, je trouvais la maison tranquille. De fait, Liam et Charlie regardaient la télé. Pas un bruit du côté de la véranda. Je demande à mon grand où est Clara, il me répond qu'elle est dehors. Je vais voir sur la véranda: pas de Clara (ni de chats). Je sors et je l'appelle. Aucune réponse. Les chatons se réfugient parfois dans le hangar (qui n'est pas un lieu idéal pour les enfants, vous le savez), peut-être Clara y est-elle. Je suis furieuse. Il est 5h50 et je dois courir après ma fille au petit jour. Et je n'aime pas la savoir dans le hangar, c'est dangereux. (Elle est probablement pieds nus en plus.) J'enfile mes espadrilles et je vais voir.

Je crie son prénom à l'aller: toujours pas de réponse. Elle n'est pas dans le hangar. Ni les chatons. Je commence à m'inquiéter. Je continue à l'appeler. Je vais voir dans la serre. Je crie, je crie. Je parcours des yeux le verger. Elle n'est nulle part. Mais où est-elle? Ça enfle en moi. Je retourne vers la maison, Liam et Charlie sont sortis: Clara n'est toujours pas là. Où peut-elle être bondieu? Je pense au ruisseau. J'ai peur. J'y vais en l'appelant, en hurlant son prénom. De plus en plus désespérée. Je me mets à pleurer. En vue du pont, il y a Duchesse. Elle est couchée dans le gazon, tranquille. Y est-elle parce que ses bébés y sont? Dans ce cas, ma fille a-t-elle suivi les chatons jusqu'au pont? Mes larmes redoublent. Je continue à crier. Je ne veux pas franchir le pont et regarder dans le ruisseau. Mon corps s'y oppose. Mais il faut que je vérifie. Vous ne pouvez pas imaginer ce qui défile dans mon esprit. Un petit corps en pyjama rose flottant dans les eaux. Merde. J'y survivrais pas. Je ne me pardonnerais pas.

Je me penche et je scrute, le coeur battant comme un fou, le cours tortueux du ruisseau. Rien.

Je ne suis qu'à demi rassurée. Peut-elle être à l'autre pont? Je rebrousse chemin vers la serre. Toujours rien. Je marche comme un automate. J'aperçois au loin un pick-up blanc sur la route. Qui passe au ralenti. Je prends alors conscience qu'on pourrait me l'enlever. Que ce serait si facile. Elle est petite. Si petite. Et si belle. Si délicate. Adorable. Je me secoue. Je chasse le plus sordide. Mais je pense à la route. Tout se passe en accéléré. S'y serait-elle rendue? (Heureusement, il passe peu de véhicule à cette heure, le risque est moins grand qu'elle se fasse écraser.) Un fermier matinal peut l'avoir vue par contre et me l'aura ramenée. Non, le pick-up continue. Sans se soucier de moi, qui crie toujours. En pyjama, dehors, les espadrilles délacés, le visage baigné de larmes. (Peut-être ne me voit-il pas.) Je continue à marcher, tremblante. Ma fille. Où est-elle? Comment ai-je pu la perdre?

Je retourne au hangar. Encore. J'y entre. Je scrute les ténèbres. J'appelle. Je crie. Je ressors. Je le contourne, toujours appelant. Pantelante. Je vérifie par la vitre cassée. Je regarde par la porte coulissante qui baille. Rien. Rien. Rien. Je vois Liam et Charlie sur la galerie. Je lui dis que je ne la trouve toujours pas, en pleurant à hoquets. Clara est dans sa chambre, qu'il me dit. D'un ton doux mais comme s'il venait de me gifler et de me traîter d'imbécile. 

Je m'arrête. Tentant de reprendre mes esprits. Oui. Je suis une imbécile.

Je me suis fait mille scénarios de mort.

Et ma petite dormait. Elle était retournée se coucher. Je n'y ai pas pensé une seule seconde. Ça ne m'a pas effleurée. Vous vous rendez compte? (Et je suis fan de Sherlock Holmes, pfft!)

Je vais la trouver. Il faut que je la prenne dans mes bras pour chasser l'horreur. Je la cajole en sanglotant, caressant sa tête blondie par le soleil. Soupesant ses petits bras, ses petites jambes. Sa jolie bouille. «Je te cherchais ma Clara, je croyais t'avoir perdue!» Ma Clara. Ma Clara.

Quelles émotions désagréables! Quel sentiment d'impuissance, merde! Ça fait mal.

J'ose même pas penser à ce que je deviendrais sans eux. Mes bébés. La chair de ma chair.

Inspire. Expire.

Café?

Ouais.

    

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Commentaires
J
Pourquoi n'as-tu pas vérifié la maison d'abord ? Et ben, parce que tu as d'abord vérifié les endroits les plus dangereux au cas où elle s'y serait trouvé avant de faire une bêtise, ce qui parait logique !
C
Maintenant que c'est derrière moi, je me sens assez stupide. Pourquoi n'ai-je pas vérifié dans la maison? Mdr!<br /> Mais bon, oui, heureusement que ce fut un dénouement comme ça!
J
C'est terrible de commencer la journée ainsi !!! Heureusement que cela se termine bien malgré toute ton angoisse !
A
Je n'ai qu'un commentaire: oh! mon Dieu! <br /> Quelle aventure, j'en ai les larmes aux yeux.
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