La vie ne tient qu'à un chien?!
Je revenais d'Alma, vers 14h15 (environ), avec mon papa. J'avais rendez-vous avec mes «Nécéssiteux» de La Marmite fumante (distribution de repas chaud le midi pour les démunis) où je vais faire du bénévolat quand ils ont besoin de moi. Mon père «embarque» avec moi bien souvent, il fait quelques courses (chez nous ont dit «commissions»!) pendant ce temps. (Des fois je lui donne ma liste pour gagner du temps...) Aujourd'hui, par contre, comme je devais acheter plusieurs choses à l'épicerie et que ma liste se trouvait à moitié dans ma tête, j'y suis allée après mon bénévolat. Le temps virait à la neige et la chaussée était assez glissante. Je roulais prudemment.
J'avais hâte de me retrouver chez moi, loin de la route, mais j'ai fait tout ce que j'avais à faire (ou presque). Nous sommes même allés chercher des grillons pour Yoda (notre sympathique lézard). On a aussi pris le temps d'arrêter au club vidéo d'Hébertville, louer un film. Bref, nous étions presque à destination.
Voilà qu'au moment d'amorcer la descente d'une côte, à mi-chemin de chez moi, dans notre loooong Rang 3, j'aperçois une femme qui remonte à pied, dans la voie de gauche. Son chien, lui, est sur l'accotement à droite. Soit en bordure de ma voie. Je ne roulais pas bien vite, mais au moment de dépasser le chien, il a fait mine de rejoindre sa maîtresse. Je présume qu'il l'a rejointe, je ne m'en rappelle plus. J'ai voulu l'éviter. J'ai perdu la maîtrise de mon véhicule. J'ai bien essayé de le redresser, j'ai même cru ça y était (faible espoir, au fin fond de moi, je savais que non)... la mini-van a d'abord été vers la gauche, puis est revenue à droite, pour plonger en biais dans un petit ravin. J'appelle ça «ravin», c'est un bas-côté escarpé creux d'une trentaine de pied, parsemé d'arbres et d'arbustes. La mini-van a plongé, doucement, amortie par les pousses de jeunes arbres chétifs, écorchant au passage des arbres matures... pour se retrouver arrêtée par un massif d'arbres, vingt pieds plus bas.
Au moment de plonger, j'ai agrippé le bras de mon père en disant: «Papa!» et je pense avoir fermé les yeux. C'est l'arrière de la mini-van qui a absorbé le choc des troncs d'arbres. Je ne me rappelle pas avoir vu défiler le paysage, je m'étais recroquevillée sur moi-même, pour réduire le choc. Ou à tout le moins dans une tentative d'éviter d'être blessée. Au moment où j'ai agrippé mon père, j'ai pensé: «c'est comme ça!». Je n'ai pas eu le mot «mort» en tête, c'était une pensée fugace sur la fin. Sans nécessairement penser que j'allais mourir.
[C'était doux comme pensées. J'espère mourir dans cette douceur d'esprit. Dans un jour très éloigné, cependant.]
Évidemment, une fois au fond, une fois constatée que j'allais bien, mon père aussi... je me suis mise à pleurer. Pleurer un mélange de peur et de soulagement, puis de colère. «Je m'excuse papa! Je m'excuse!».
Le maudit chien! LE MAUDIT CHIEN!
J'ai eu un peu de mal à remonter au bord de la route. J'avais froid aux pieds dans mes bottes «de ville» et aux mains avec mes petites mitaines à grosses mailles. Je voulais hurler à la «bonne femme» toute ma colère contre son chien! «Madame! Je n'ai pas voulu écraser VOTRE chien!» que je lui ai dit en retenant mes injures.
La suite est un peu longue et infiniment plate... l'attente de la police chez un voisin de l'endroit (super sympathique!), cette femme qui s'était éclipsée rapidement, avant même l'arrivée de la police (avec son chien qui courait encore dans la rue... je l'aurais étripée: inconsciente!!!!), le constat de police, l'attente de la remorqueuse, les efforts de la remorqueuse pour sortir le véhicule de là (c'était creux!), constater les dommages (pare-choc avant complètement détaché, pneus avant déchaussés, côté latéral du véhicule (passager) cabossé tout du long, vitre latérale éclatée, pare-brise arrière éclaté, pare-choc arrière très amoché, etc.) et à quel point nous sommes bénis...
Et s'ajoute toute la liste des «une chance que...»
Une chance que les enfants n'étaient pas avec nous! Une chance que nous ne sommes pas blessés (ou morts)! Une chance que je n'ai pas écrasé la femme! Une chance que nous sommes passés juste entre les gros arbres! Une chance que le véhicule est assuré!
Cependant, il y a une chose pour laquelle ce n'est pas de chance:
Pourquoi n'ai-je pas écrasé ce chien?